Marie a accompagné leur exode

Ce 16 juillet 1962, j’ai 16 ans, nous faisons nos caisses pour quitter ce beau pays, l’Algérie, cher à notre cœur. C’est le temps de l’exode. Il nous faut faire un choix, nous ne pourrons emporter que quelques affaires, et faire notre deuil d’autres, chargés d'histoire et de souvenirs. L’indépendance de l’Algérie jusque-là française, vient d’être proclamée, il nous faut partir.

Nous craignons que des hommes du FLN (Front de libération nationale algérien) décident d’entrer dans la maison. Ils ont la gâchette facile et nous craignons d’être fusillés.

Il y a une grande tension dans la maison. Ma tante me propose un café. Elle a placé sur la cheminée avec une bougie, une statuette de la Vierge Marie ayant sur son côté gauche Bernadette Soubirous. C’est l’Abbé Hudry, curé de Saoula (commune au sud d’Alger), qui nous l’avait offerte après un séjour à Lourdes.

Tout à coup, ma tante après avoir pris son café se lève et se fige. Je regarde comme elle la cheminée : il n’y a plus de bougie, mais à la place une deuxième statuette identique à la première. La bougie a pris la forme de la statuette. La seule différence est qu’elle est toute blanche. Il y a à présent sur la cheminée, deux statuettes.

Nous sommes un peu abasourdis, et emportons cette statuette en cire dans nos caisses. Fin octobre 1962, toute la famille sans exception a déposé cette statuette à Lourdes, à la grotte. Elle nous a protégés durant ce périple. Nous savons qu’elle sera toujours à nos côtés.

L.M.

Témoignage reçu par l’Association Marie de Nazareth en février 2022