8 avril – Italie : Notre-Dame de Basella (1356)

Le Rosaire, « une manière de se laisser regarder par Jésus »

Parfois on entend dire, avec quelque condescendance : « Le Rosaire, c'est la prière des pauvres. » Mieux vaut dire : « C'est notre prière de pauvres » :

-  pauvreté des heures de désarroi, qui nous laisse sans ressort, sans désirs, sans certitudes ;

-  pauvreté des jours heureux, qui est un autre nom de la liberté de cœur, et qui nous rend disponibles à Dieu et aux autres, argile fraîche pour les inventions de l'Esprit,

- pauvreté pascale des jours où Jésus fait affleurer sa gloire dans notre quotidien, des jours où paisiblement, nous nous savons aimés, regardés, appelés et compris, par un Dieu qui fait merveille.

Le Rosaire, c'est un chapelet d'instants où Marie, Mère de Jésus, propose sa présence et son intercession, comme aux débuts de la foi chrétienne, lorsque toute l'Église tenait encore dans l'unique chambre haute et que Marie « était là », éveillant la prière par sa prière.

Le Rosaire, c'est la prière spontanée de nos heures douloureuses, joyeuses, glorieuses, qui sont nos mystères à nous, ou plutôt la trace en nous du mustèrion : le dessein de Dieu révélé en Jésus-Christ.

Qu'est-ce qui s'opère dans cette prière paradoxale du chapelet, où les mots sont là pour tenir le regard ouvert, pour rythmer le souvenir, comme un ostinato sur lequel le cœur improvise? - Simplement un mimétisme filial, qui imprime en nous l'icône que nous contemplons.

Si Marie nous rejoint si bien dans nos mystères, c'est parce que, gardant toutes choses dans son Cœur, elle ne cesse de scruter les mystères, les moments sauveurs, de la vie de Jésus. Le chapelet nous permet d'habiter son regard, de communier à son écoute, d'entrer en résonance avec la prière de son Cœur.

Il y a plusieurs manières de traverser un jardin. On pourrait croire que la plus enrichissante consiste à regarder les fleurs. Mais il est une attitude encore plus comblante, plus transformante, plus appauvrissante : c'est de se laisser regarder par les fleurs.

Le Rosaire, c'est un peu cela : c'est une manière de se placer, avec un cœur de pauvre, sous le rayonnement de la vie de Jésus ; une manière de se laisser regarder par Jésus, comme faisait Marie, tout au long du jour.

Père Jean Lévêque, Carme de la province de Paris

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