3 octobre - Italie. Notre Dame des Grâces 1697

Sur les sentiments de dévotion mariale

De toutes les passions, l'amour est la plus indomptable. Mieux encore : à parler franchement, je ne donnerais pas cher pour un amour qui n'exagère jamais, pour un amour qui observe toujours les convenances, et qui sait se conduire en toute occasion selon les règles d'un bon goût parfait. Quelle mère, quel mari ou quelle épouse, quel amoureux, garçon ou fille qui, pour marquer son affection, ne dit mille extravagances qu'il regretterait, si un étranger les entendait ; ces extravagances ne déplaisent pas pour autant à leurs destinataires. Il arrive que par malheur elles soient fixées par écrit et il arrive que les journaux s'en emparent ; et alors ce qui, sorti tout frais du coeur et interprété par le ton de la voix et l'expression du visage, pourrait même être empreint de charme, offre au contraire un triste spectacle lorsqu'on l'expose tout cru aux regards de la foule. Il en va de même avec les sentiments de dévotions. Des pensées et des paroles enflammées prêtent autant le flanc à la critique qu'elles la dépassent. Ce qui de soi est outré peut, chez certaines personnes, être pertinent et beau, et ne devenir blâmable que chez d'autres qui les imitent. Lorsque c'est mis sous forme de méditations ou d'exercices, cela devient aussi choquant que des lettres d'amour dans un rapport de police.

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