14 mars - Russie. Vierge de Saint Théodor

Le rosier de la Vierge des Hurons (I)

Il faut d'abord savoir que si l'Ancienne-Lorette est aujourd'hui un petit village bien français et le plus tranquille des villages, il n'en a pas toujours été ainsi. Les pauvres débris de la nation huronne, chassés des rivages de la Mer Douce par les féroces Iroquois, vinrent d'abord se réfugier à la pointe ouest de l'Île d'Orléans. Mais il semblait que le sort de la tribu était de ne pouvoir fixer nulle part ses wigwams d'écorce et bientôt, conduits par leur saint missionnaire le P. Chaumonot, les Hurons passèrent dans la seigneurie de Saint-Gabriel que les Jésuites possédaient à trois lieues de Québec et qui n'est autre que l'Ancienne-Lorette. La bourgade fut d'abord appelée Nouvelle-Lorette, à cause de la chapelle que, dans sa vénération pour le célèbre sanctuaire italien, le P. Chaumonot édifia sur le plan de la Santa Casa et qui devint bientôt un lieu de pèlerinage très fréquenté. Or donc, en 1697, les Hurons, ayant à leur habitude épuisé la terre et la forêt, décidèrent d'émigrer encore, de transporter leurs pénates sur les bords ravinés et grondants du Cabir-Coubat, au lieu qui s'appelle depuis la Jeune-Lorette, pour la distinguer de l'autre, qui devint du fait l'Ancienne-Lorette. Les sauvages ne se firent pas faute d'emporter de leur chapelle tout ce qu'ils purent : ornements, autel, cloche, gonds et serrures. Ils emportèrent aussi leur chère statue de Notre-Dame. Mais, ô surprise ! dès le lendemain, elle avait d'elle-même repris sa place dans la chapelle dépouillée ! Joie des Français restés au village, ébahissement des Hurons qui croient à une fraude et reviennent en grande hâte chercher leur trésor. Mais la merveille se répète ! Dès l'aube du jour suivant, les quelques fidèles de l'Ancienne-Lorette assemblés pour la messe retrouvent la Vierge sur son socle. On renouvelle l'expérience ; toujours le même résultat. Enfin, de guerre lasse, on laissa la Mère de Dieu faire sa volonté sur la terre comme au ciel !... Et c'est pourquoi, quand l'église de pierre vint, en 1838, remplacer l'humble chapelle des Hurons, on ménagea en haut du portail une belle niche pour la Vierge fidèle. Au cours du temps un rosier sauvage est apparu au bas de la niche. Il a grandi. Il a vieilli. Il y était encore à la démolition de l'église.

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